Sélection Eté 2011

Née en 1957, enseignante, Nicole Amann est passionnée de littérature et d’écriture, elle excelle dans la nouvelle (que l’on peut découvrir sur son blog bonnes nouvelles.com) et le polar historique.

Au pensionnat du Sacré-Cœur, les religieux s’occupent énergiquement de l’éducation d’orphelins et de quelques « cas sociaux » issus des banlieues. D’inquiétantes disparitions, de mystérieux incendies, des crimes affreux se produisent. C’est la faute des gamins des cités, pense-t-on. Le commissaire Moutard se méfie des conclusions hâtives !

Petit livre, certes, mais grand moment de lecture ! Avec 164 p., Frères de sang a conquis le titre de roman à part entière, qui aurait puisé un brin d’inspiration du côté de Pierre Véry (Les disparus de Saint-Agil), un soupçon d’Harry Potter sans sorcellerie… Bref, le charme discret des institutions pour gamins.

Sans en avoir l’air, l’auteur donne dans la critique sociale en évoquant les sauvageons dont personne ne veut, mais l’intrigue reste résolument policière, l’atmosphère est lourde du poids des ans. Le lourd passé qui resurgit semble être le cheval de bataille de Nicole Amann, sujet ô combien décliné par nombre d’écrivains, mais elle sait attiser la curiosité du lecteur, elle a un sens inné du rebondissement. Bref, une excellente histoire à glisser dans vos valises !

Amann, Nicole. – Frères de sang. – Editions du Bord du Lot. – 164 p. – 15 €

 

Née en 1960, Assamala Amoi vit à Brazzaville au Congo, où elle travaille pour l’OMS. Elle a déjà écrit trois autres romans.

Quand le roman commence, Alizéta a 9 ans, et subit les moqueries des autres à cause de son surpoids. Pourtant, c’est une très bonne élève qui veut être pilote, alors que son frère est doué pour la couture ! Pour les parents, ces choix sont impensables. Alizéta est soutenue par son frère aîné Brian-Aziz, le garçon qui devrait être le meilleur. Les deux enfants sont solidaires face à leurs parents qui ne leur montrent aucune affection. La mère est aigrie par ses propres échecs et n’hésite pas à se venger ainsi.

Pourtant grâce à sa volonté, Alizéta réalisera ses deux rêves : maigrir et devenir très belle, et voler. Lors de ses études, elle tombe amoureuse d’un futur pilote, mais leur bonheur s’achèvera dramatiquement. La jeune femme parviendra à reprendre goût à la vie et continuera son ascension, tout en rencontrant encore des turbulences au fil de la vie.

Une jolie plume non dénuée d’humour. A conseiller aux ados, malgré les coquilles.

Amoi, Assamala. – Avion par terre. – Anibwe. 411 p. – 20 €

Elle marche dans une rue à Paris, cachée sous sa burqa, ombre noire que personne ne veut remarquer. Mais elle aperçoit, du coin de l’œil, dans une vitrine de l’autre côté de la rue, une petite robe rouge.

Ce point rouge sera le déclic qui lui fera transgresser tous les interdits imposés par son mari. C’est l’ouverture au monde d’une jeune femme, qui prend conscience de son enfermement et qui apprend à mettre des mots sur ses désirs grâce à un livre volé sur le paillasson de son voisin. Kant et les Lumières, la volonté de sortir des schémas obscurantistes et archaïques éclaire certaines questions actuelles avec une grande force.

La mère lèguera la notion d’émancipation individuelle à sa fille qui bien qu’observatrice affûtée, est trop petite pour comprendre la coexistence des deux mondes dans lesquels elle évolue.

Une fable surla transmission. Unebelle langue poétique.

Berrada-Berca, Lamia. – Kant et la petite robe rouge. – La cheminante. – 103 p. – 6 €

 

Ancien cadre dans le matériel TP, Gérard Bertuzzi vit en Picardie où il se consacre à l’écriture. Après cinq livres humoristiques, il écrit un polar à l’ancienne, jouant sur la nostalgie des années 60 dans le cadre du château de Pierrefonds.

Au printemps 1964, une mare de sang signale un cadavre, attaché dans la gouttière de la chapelle du château de Pierrefonds, un endroit inaccessible au public. Le conservateur, seul à posséder la clé, est suspecté. Le corps est celui d’un jeune homme auprès duquel les gendarmes trouvent un magnifique stylo gravé ED, les initiales du conservateur ! Il est identifié : c’est son fils !

Les jours suivants, un guide disparaît, puis son corps est retrouvé en haut d’une tour du guet, (d’où la « clef des hauts »). Comment y sont-ils montés ?

En 1957, une bande de copains s’amuse à faire un double des clés pour aller jouer dans le château la nuit : c’est un terrain de jeux unique.

La gendarmerie reconstitue la chronologie du personnel lié au château, qui a eu une fin mystérieuse ou violente. Ainsi, ils pourront découvrir le coupable. Un petit polar fort sympathique, dans un cadre prestigieux, qui se lit d’une traite. Attention à ne pas rater le terminus, si vous êtes plongé dans ces aventures dignes du Club des cinq !

Bertuzzi, Gérard. – La clef des hauts. – Ravet-Anceau, Polars en Nord. – 152 p. – 8 €

 

Ce thriller, sur fond d’espionnage, de bouleversements climatiques monstrueux, de machinations internationales, tient le lecteur en haleine, malgré sa longueur et, parfois, sa complexité. L’auteur est expert en Intelligence économique et utilise l’anticipation pour en lever, un peu, le voile.

Deux compagnies, une franco-danoise, Terre Noire, et une canadienne affranchie des Etats-Unis, North Land, se battent pour le contrôle des ultimes explorations géologiques au Groenland, qui est lui-même en train de se fissurer. L’effondrement de la calotte glaciaire va entraîner un bouleversement mondial et une migration du centre des affaires mondiales dans cette région.

Deux anciens des services secrets français se lancent aux trousses d’un tueur surla banquise. Ilsutilisent des gadgets électroniques impressionnants, pour le piéger et trouver pour qui il travaille.

On est scotché par cette lecture haletante, parfois gore (le tueur découpe ses victimes à la tronçonneuse), impressionnante par les hypothèses climatiques soulevées et les gadgets électroniques mis en œuvre.

Besson, Bernard. – Groenland. – O. Jacob. – 411 p. – 19 €

 

Comédienne, peintre et metteur en scène, Véronique Biefnot vit à Bruxelles. Comme des larmes sous la pluie est son premier roman.

Naëlle vit à Paris et travaille dans un magasin de tissus. Elle a un physique magnifique mais doit assumer un lourd passé et n’a pas d’amis. Elle fait des efforts pour paraître normale et a des relations humaines difficiles. Elle se réfugie dans la lecture, mais intrigue tout le monde.

Simon habite à Bruxelles. C’est un écrivain à la mode, mais qui a vu sa vie brisée par la mort de sa femme.

Entre les chapitres consacrés à ces deux personnages en alternance, la voix d’un enfant maltraité (dans une typographie plus grosse) sert d’intermède et de fil conducteur à une histoire qui va rejoindre la narration principale.

Un jour, un homme et une jeune femme se croisent dans le métro et éprouvent une attirance magnétique. Il s’agit de Simon Bersic, l’écrivain préféré de Naëlle, qui ose lui adresser un mail ! Celle-ci ignore évidemment que c’est le même homme. Ils finissent par se rencontrer grâce à une cliente de Naëlle, qui est aussi l’amie de Simon. Ils tombent amoureux, mais au moment où ils pourraient être heureux, les démons du passé resurgissent… Simon décide alors de servir de Pygmalion et veut aider la jeune femme à s’en sortir.

Un roman bien écrit et prenant, malgré quelques ficelles un peu trop visibles. La construction est intéressante et rappelle le théâtre.

Biefnot, Véronique. – Comme des larmes sous la pluie. – H. d’Ormesson. – 324 p. – 20 €

 

Décembre 2008 : le Phénix, tueur en série professionnel, s’évade spectaculairement de l’hôpital dela Pitié-Salpêtrière. Peuaprès, le Musée Dali explose. Puis d’autres meurtres se produisent, le Phénix semble appliquer une vengeance implacable.

Estelle, qui a perdu son mari dans l’attentat contre le Musée Dali, ne croit pas aux explications simplistes, le commandant Perez non plus !

Premier roman et belle réussite pour ce jeune auteur de 32 ans. Passionné d’écriture et de cinéma, FX Cerniac a concocté, de main de maître, un thriller haletant qui ne laisse aucune part à l’ennui. Pas de temps mort, pas de mot inutile, bref, ce livre épuise délicieusement son lecteur, qui passe des décombres de musée parisien aux carrières du centre de la France.Heureusecoïncidence : l’écrivain vit à Saint-Pardoux (Haute-Vienne) et travaille dans des carrières. Rien d’étonnant à ce qu’il situe l’action du Tombeau du Phénix en ces lieux mystérieux.

Un roman à mettre entre toutes les mains, un auteur à suivre ! Il paraît qu’il va s’essayer au polar médical (si l’on en croit son blog).

Prix du polar VSD 2011. Coup de cœur de Didier van Cauwelaert. Prix Elle du meilleur roman de l’été.

Cerniac, François-Xavier. – Le tombeau du Phénix. – Les nouveaux auteurs, Thriller. – 353 p. – 18 €

 

France, années 60. Gaspard, 15 ans, vit à Belleville. « Peu intéressé » par l’école, ses parents décident, sur les conseils de l’assistante sociale, de l’envoyer « pour son bien » dans un internat aux méthodes éducatives. Il n’a alors plus qu’une idée en tête : s’enfuir pour vivre sa vie.

Ce roman tire sa force du personnage de Gaspard, narrateur très attachant, mais plus particulièrement du ton et de l’écriture enlevés. Avec son « abus » d’adjectifs et ses tournures au vitriol, Patrick Corrand s’inscrit dans le cinéma d’Audiard et de Gabin. Oui, en fait, c’est un roman très cinématographique dans sa construction et dans sa forme. Un roman à lire autant qu’à écouter. Intéressant à proposer aux grands ados / jeunes adultes.

Extrait : Gaspard  » Tout ce qui est moderne est américain … Nous c’est les rogatons … le bric-à-brac ! Les brimborions ! Il ne sort plus rien de nos industries, on use jusqu’à la corde ! …Depuis le moulin à purée … que t’chi ! Le concours Lépine … c’est l’Opéra Comique,la Gaîté Montparnasse, Mogador ! Voilà ce qu’on pense !… La France c’est le musée Grévin … figée dans sa grandeur … meurtrie ! Dans le formol pour pas qu’on oublie sa gloire … dans un bocal, sous cloche au musée de l’Homme ! Ou bien … en curiosité … sous un chapiteau à la foraine … à la foire du Trône !… »

Corrand, Patrick. – Brindezingue : gris sourire. – Arhsens (2010). – 234 p. – 18 €

 

Les quatre nouvelles qui composent ce livre dressent un portrait sévère de l’Algérie indépendante, comme si la fin de la guerre avait sonné la mort de l’espérance.

La nouvelle éponyme est le monologue déglingué comme la 504 d’un chauffeur de taxi qui a du minotaure sa tête d’homme, et pour corps sa 504 pourrie. C’est un ancien soldat qui s’est battu pour la ville et qui ne supporte pas ce qu’elle est devenue.

Le héros de «Gibrîl au kérosène» n’en est pas un, c’est un homme résigné, un officier de l’armée de l’air qui fait le pied de grue devant un avion de sa fabrication à la foire internationale d’Alger, mais personne ne s’intéresse à son Ange Gibrîl, qu’il a patiemment construit de ses mains. « Un Arabe est toujours plus célèbre lorsqu’il détourne un avion que lorsqu’il le fabrique ! »

La dernière nouvelle, «La préface du nègre», montre un vieil homme analphabète qui convoque un jeune écrivain pour lui dicter ses glorieux souvenirs qui ont figé l’histoire de son pays, le scribe ne supporte pas cette auto-hagiographie et la trahit.

Seul «L’ami d’Athènes» est incarné par un jeune Algérien, un coureur de fond qui participe aux10 000 mètresdes JO d’Athènes, les vingt-cinq pages du récit sont les divagations de son esprit le temps de la course, nourries d’amour de son pays. Il y trouve la force de la victoire, mais ne peut s’arrêter sur le fil de l’arrivée et poursuit sa course vers le ciel comme s’il fuyait son manque d’avenir.

Kamel Daoud écrit ses nouvelles comme des paraboles, où il peut dire avec fougue et liberté ce qu’il ne peut faire dans sa chronique journalistique : son constat amer de l’Algérie d’aujourd’hui. Le style est puissant, rapide, inventif, parfois lyrique.

Daoud, Kamel. – Le minotaure 504. – S. Wespieser. – 110 p. – 13 €

 

Nayla Debs nous emmène au Liban, dans la ville de Sofar plus précisément, où les touristes viennent avec plaisir passer leurs vacances en 1965. Sofar est le lieu où vont se jouer les premiers émois de deux jeunes gens. Dimitry, adolescent de 14 ans, y vient en vacances avec ses parents. Il fait la connaissance de Layna, une jeune Libanaise. Elle l’attire irrésistiblement et lui apparaît inaccessible. Alors qu’elle éprouve quelque chose pour le jeune homme, elle se garde bien de le lui dévoiler. Commence alors entre eux, une relation ambiguë d’attirance et de silence. Ils se cherchent et peinent à se trouver, chacun restant dans ses pensées et ses espoirs. La jeune fille est décrite vivante, désirante avec une certaine fougue, alors que Dimitry reste beaucoup plus sur sa réserve. Le lecteur est transporté avec les deux protagonistes dans les méandres des premiers sentiments entre deux êtres issus de deux mondes très différents.

L’auteur alterne avec brio les récits du jeune homme et de la jeune fille, et les deux époques qui les lient, 1965 et 2005.

On reste séduit par ce Liban ombrageux et sensuel décrit par Dimitry. Un livre magnifique sur la fragilité des sentiments et des émotions, et surla différence. Peutconvenir au fonds ado.

Debs, Nayla. – Sofar Blues. – La Cheminante. – 239 p. – 16 €

 

Un récit polyphonique où trois personnages se croisent en Inde, avec pour toile de fond la catastrophe de Bophal et son nuage toxique (catastrophe d’une usine chimique en 1984).

Françoise, d’origine Australienne, est photographe et, vingt ans après la catastrophe, cherche à en retrouver les traces, dans l’Inde actuelle.

Naga, d’origine tibétaine a perdu sa famille dans l’accident, il a été domestique au service d’un riche couple Indien.

Arkay, venu d’Ecosse, se réfugie dans le bouddhisme et essaie de lutter contre son addiction à l’alcool.

On passe d’un personnage à l’autre et d’une époque à l’autre, et de Delhi au Rajasthan et au Tibet, dans une grande souplesse narrative. La rencontre progressive des personnages est très habilement agencée. Françoise loge chez les anciens patrons de Naga. Puis, elle le rencontre. Arkay est devenu moine dans le monastère tibétain près duquel Naga soigne sa sœur mourant des suites dela catastrophe. Unerelation se crée entre Françoise et Arkay-Tenzin, mais à cause de l’alcool, elle le quitte. Elle le retrouve au moment de sa mort, alors qu’elle attend un enfant symbolisant pour elle l’avenir.

Une empathie et, même, un amour très fort relient les personnages à travers le temps et les destinées, parabole d’un monde idéal. Chaque chapitre, comprenant plusieurs sous chapitres selon les narrateurs, est annoncé par la brève description d’une photographie qui donne le ton du lieu.

Ce mélange de réalité et fiction a une très grande force, et marque le lecteur. L’écriture riche et simple en fait un très beau livre plein d’humanité.

Delahunt, Meaghan. – Le livre rouge. – Métailié, Bibliothèque écossaise. – Traduit de l’anglais. – 281 p. – 21 €

 

Ancienne professeur de français à Kaboul, Isabelle Delloye vit entre Paris et Belle-Île. Passionnée par l’Afghanistan, elle a déjà écrit un document sur ce sujet qui lui tient à cœur. Premier roman.

Hadji Baba est un vieil Afghan, qui enseigne son savoir à Djon Ali, un orphelin qu’il a recueilli. Il lui parle aussi de fraternité et de tolérance avant l’oppression des talibans. L’auteur nous confie quelle a été la vie de ce vieux sage : son pèlerinage à La Mecque, le mariage avec Hanifa, leur réussite, leurs enfants qui doivent s’exiler pour vivre libres et avoir le droit d’étudier.

Puis c’est le cataclysme du 11 septembre, et le jeune homme rêve de découvrir le monde. Djon Ali constate la misère de son pays, dévasté, l’illettrisme.

D’origine ouzbek, Ariane est installée en France et aide les réfugiés, tout en espérant obtenir le statut de réfugiée politique. Elle rencontre Djon avant qu’il ne parte pour les Etats-Unis, où il fait des photos qui le rendent célèbre. Celui-ci croise sur sa route de nombreuses personnes (tant les Afghans ont dû s’éparpiller dans le monde) et retrouve les enfants de Hadji Baba. Mais il cherche sa place, et finira par retourner en Afghanistan.

L’auteur veut nous faire partager sa passion pour ce pays, cité des vers d’Omar Khayyâm. Son livre est comme un conte initiatique, où chacun cherche le sens de l’existence et du bonheur.

Delloye, Isabelle. – Le jardin d’Hadji Baba. – H. d’Ormesson. – 216 p. – 18 €

 

Un libraire possède un stylo-plume qui devrait lui servir à écrire son roman. Jusqu’au jour où Isis quitte son magasin avec le stylo, que Paul le trouve, qu’il l’offre à sa mère, qui elle-même va l’offrir à Emma, qui va s’en servir contre l’écrivain qui l’a méprisée il y a quelques années.

« Roman-randonnée », où chaque personnage est étudié dans sa singularité, où l’objet a fonction de lien entre des personnes qui se sont croisés. C’est finement écrit, l’auteur sait décrire la singularité psychologique de chacun, et ne pas s’éterniser sur ce qui pourrait être secondaire.

Ce roman se lit avec plaisir : l’originalité et la qualité de l’écriture sont au rendez-vous.

Deyns, Caroline. – Tour de plume. – P Rey. – 232 p. – 17 €

 

Ce roman est déjà paru en 2000 chez Stock. Il reparaît, aujourd’hui, avec une importante postface de l’auteur qui s’explique sur les prémices et retrace la situation politique du génocide du Rwanda.

L’auteur écrit un roman-documentaire après avoir recueilli un grand nombre de témoignages de survivants de tous bords. C’est un roman polyphonique qui permet de donner la parole non seulement aux deux clans, mais aussi à des témoignages très nuancés.

Divers personnages se croisent à différents moments historiques du drame.

Jessica est une Tutsi qui est infiltrée chez les Hutus, un personnage courageux. Cornélius est le fils du médecin Hutu qui a organisé le massacre de Murambi, dans lequel sont morts sa femme et le frère et la sœur de Cornélius qui était à l’étranger. Les échanges entre son père et le colonel Perrin, officier français, sont édifiants. Nous trouvons aussi de nombreux témoignages d’inconnus qui ont subi cette extermination. Se pose aussi, la question du pardon, comment accorder le pardon, si les faits ne sont pas reconnus.

Ce livre est un réquisitoire contre l’aveuglement de l’Occident et l’implication de la Françafrique dans ce drame. Il est écrit avec une très grande rigueur et lucidité.

On ne peut s’empêcher d’admirer l’éthique et l’intelligence de Diop, romancier et journaliste d’origine sénégalaise. Il rejoint l’art de Jorge Semprun qui prônait le roman comme meilleur véhicule de la transmission, car il passe par la sensibilité.

Diop, Boubacar Boris. – Murambi, le livre des ossements. – Zulma. – 269 p. – 18 €

 

Archiviste-documentaliste béninois, Hilaire Dovonon est aussi un magicien qui aime explorer le passé, les traditions. Il en appelle au monde des rêves, à l’univers des contes pour nous entraîner dans un voyage insolite et inoubliable au cœur de l’Afrique ancestrale… Il tisse sa toile, mot après mot, pour mieux nous attraper, pour mieux nous ensorceler : les mots se font alors musique, le récit s’extrait de la page et capte le lecteur-auditeur pour son plus grand bonheur !

Voilà donc la substantifique moelle de cet opus publié chez un éditeur au nom poétique : D’un noir si bleu ! 12 nouvelles, 12 merveilles, parfaitement ciselées !

Malgré son jeune âge (il est né en 1977), H. Dovonon a déjà obtenu pour Sikah, en 2008, le Prix de la Francophonie. Il est l’incontestable prince de la nouvelle. Ce genre lui sied à ravir, car il a trouvé son style, résolument classique, voire onirique : du « Père » aux « Reflets de coquillages« , pas une de ces nouvelles n’est à rejeter…Vivement la prochaine floraison de cet auteur à suivre !

Dovonon, Hilaire. – La floraison des baobabs. – D’un noir si bleu. – 265 p. – 18 €

 

Goldie est élevée au Pakistan par des parents qui cultivent le mensonge. Elle quitte son pays pour vivre à Londres avec l’homme qu’elle aime depuis l’âge de 13 ans. Quand la déception pointe : un mariage insatisfaisant, sa double-vie, les secrets qu’elle perçoit chez ses enfants, les non-dits cumulés, elle ouvre les yeux et fait voler en éclat tous les secrets inavoués.

Roman sur la famille, ses failles, ses joies, ses douleurs et le poids de l’histoire. Shona doit regarder la vérité en face pour trouver son bonheur, elle va la regarder pour se sauver elle et sa famille.

Farooki, Roopa. – Le choix de Goldie. – Trad. de l’anglais. – Gaïa. – 384 p. – 22 €

 

Nouvelliste né en 1963, à qui l’on doit les excellentes Teignes (D’un noir si bleu).

Seconde aventure du commandant Gaspard Cloux.

Veuf de 36 ans avec une petite fille, il abandonne une carrière prometteuse à Paris et s’installe à Strasbourg pour avoir plus de temps pour s’occuper d’Estelle.

Parmi des voitures incendiées, on trouve le cadavre de Christophe Fargette, marié, pianiste de jazz, et ex-dealer. Ce coureur avait disparu depuis 15 jours et on retrouve ensuite sa maîtresse, Kim Darling, star du porno d’origine tchèque, assassinée de la même manière. Tous deux ont été torturés, mais n’ont pas parlé.

Gaspard confie sa fille malade à Florence, un amour de jeunesse qu’il retrouve par hasard. La jeune femme l’attire toujours autant, et il sait bien peu de choses sur elle…

Une histoire policière intimiste où l’avancée de l’enquête alterne avec le portrait du commandant, un homme qui tente de surmonter la mort de sa femme et essaie d’apprivoiser sa fille, tout en étant amoureux dela mystérieuse Flo.

Le rythme du livre est rapide, soutenu, et l’auteur a le sens de la formule. Celadonne envie de se plonger dans Morts thématiques.

Fouassier, Eric. – Rien qu’une belle perdue. – P. Galodé. – 356 p. – 20 €

 

Romancier né en 1963.

Un vacancier découvre le corps d’une jeune Hollandaise près du camping d’Argelès.

L’inspecteur Sebag du commissariat de Perpignan donne priorité à sa vie de famille, et sa carrière végète. Il supporte mal que ses enfants grandissent et croit que son épouse le trompe.

Une femme vient le voir pour signaler la disparition de son mari José Lopez, chauffeur de taxi.

Alors que les deux enquêtes n’avancent guère, Ingrid Raven, une autre Hollandaise disparaît. A quels trafics se livrait José ? Pourquoi ont-ils disparu en même temps ? Pourquoi Sebag reçoit-il une demande de rançon énorme pour la jeune fille ? Le kidnappeur offre un vrai jeu de pistes à la police qui est sur les dents. Y avait-il vraiment un lien entre les trois affaires ?

Un polar assez lent (c’est l’été, tous les chats s’ennuient !) et qui s’accélère sur la fin, quand les pièces du puzzle commencent à prendre forme.

Prix Polar SNCF 2011.

Georget, Philippe. – L’été tous les chats s’ennuient. – Jigal, Polar (2009). – 337 p. – 18 €

 

Julie, jeune mère de famille célibataire, tombe amoureuse de David, 20 ans. Celui-ci a tout du prince charmant et s’occupe de Théo, 4 ans, pendant qu’elle suit une formation. Famille recomposée, tableau idyllique, ils vivent dans une cité HLM et croisent régulièrement Marie, jeune guichetière célibataire et fière de l’être.

Un soir, en rentrant, Julie découvre des ecchymoses sur le corps de Théo. La semaine suivante, c’est sur son visage. Certaines fois, elle ne peut le mettre à l’école car les traces sont trop apparentes. Elle se brouille avec ses parents qui n’apprécient pas son nouveau compagnon qui « squatte » chez elle. Petit à petit, plus personne ne croise Théo, que ce soit son instituteur ou leur voisine… L’inquiétude monte. Sauront-ils réagir à temps ? Est-il encore temps de sauver Théo ?

Drame court, bien mené. La narration à la troisième personne nous permet de suivre les différents personnages, leurs sentiments, impressions et angoisses devant le drame qui se déroule.

Guernalec-Levy, Gaëlle. – Appartement 24. – François Bourin. – 151 p. – 19 €

 

La jeune Fatou, nigérienne, est confrontée dans son village aux traditions séculaires qui l’empêchent d’advenir, et à la sécheresse qui bouleverse les rapports entre les habitants. Elle n’a pas le choix, soit elle plie, soit elle part à la ville, autrement dit dans l’inconnu.

Elle choisit la ville, le hasard des rencontres, la maternité inattendue, l’amitié indéfectible d’une prostituée. Elle grandit, affirme son indépendance d’esprit, impose ses désirs à des parents inscrits dans une tradition qui petit à petit s’éteint.

Roman initiatique, brûlant d’actualité, l’histoire de Fatou nous touche parce que son courage, l’aide qu’elle va trouver auprès des femmes et sa détermination vont être la clé de sa liberté.

A conseiller aussi aux adolescents.

Ide, Adamou. – Camisole de paille. – La cheminante. – 149 p. – 14 €

 

Betty Holmes va fêter ses 100 ans, avec tous les villageois, dont bon nombre d’entre eux étaient ses élèves. C’est l’occasion pour elle de faire une révélation sur la disparition 60 ans plus tôt d’un d’entre eux. Betty sera absente à la fête…

Court roman noir, l’auteur réussit à boucler son histoire par une habile pirouette, aussi surprenante qu’inattendue.

Incardona, Joseph. – Lonely Betty. – Finitude. – 13 €

 

Après des études d’économie et de finance en France et à l’étranger, V. Jacob travaille à Londres comme banquier d’affaires. Puis devient conseiller en développement durable au Ministère de l’Environnement. Il a fondé sa société dans ce domaine. Il signe ici son premier roman.

Stanislas, collectionneur passionné de peinture baroque italienne, tient une galerie à Honfleur. Il apprend que Dorian, auquel il voue son admiration, a disparu à Venise. Il étudie les six tableaux qu’il possède, et part à Venise découvrir des indices. Installé dans le même palais que Dorian, Stanislas s’imprègne de la ville et rencontre Giorgia, la documentaliste à la beauté renversante qui a aidé le peintre dans ses recherches.

Un moine a été mystérieusement assassiné. Dorian a-t-il découvert un secret lié à la confrérie des Porte-Croix, puisque le Vatican enquête lui aussi autour de cette affaire ? Le galeriste et Giorgia sillonnent Venise afin de découvrir la vérité, même si on voudrait les en dissuader.

Ce premier roman (publié !) qui a demandé deux ans de travail à son auteur nous offre une merveilleuse balade dans la Sérénissime et un avant-goût des vacances. Il est documenté sans en avoir l’air, et nous donne une envie de le suivre dans ces mêmes rues.

Jacob, Vincent (1963-….).- Le septième tableau. – DDB. – 266 p. – 21€

 

Nandgaon, un village perdu dans le Madhya Pradesh, est mené de main de maître par le « patel » Gopal Mundkur, brahmane qui a décidé de tourner le dos à la modernité, persuadé qu’elle ne peut être que néfaste pour ses administrés.

Aux confins du village, vivent Ramu et Lakshmi. Celle-ci est une jeune femme qui a étudié la biologie mais qui, à la suite du suicide de son père, est obligée d’épouser Ramu, paysan pauvre qui l’accepte sans dot. Un jour, son mari ramène à la maison une vache malade trouvée dans la jungle.

Pendant ce temps, Manoj, stagiaire au KIRD, un institut qui perfectionne les méthodes d’insémination artificielle devient inséminateur. Sur sa moto, il arrive à Nandgaon où Lakshmi le laisse féconder la vache à l’insu de tous. Celle-ci met bas une génisse noire et blanche, qui permet à Ramu et Lakshmi de s’enrichir.

La confrontation est inévitable entre Lakshmi, adepte des techniques modernes, et le patel, fervent défenseur des valeurs traditionnelles.

Que se passera-t-il entre le nouveau taureau de Lakshmi et la plus belle vache du patel ?

Une sorte de fable sur l’arrivée de la modernité dans les campagnes.

Jha, Radhika. – Des lanternes à leurs cornes attachées. – P. Picquier. – Traduit de l’anglais (Inde). – 571 p. – 22,50 €

 

Un écrivain autrichien reçoit pour la première fois son éditeur chez lui en Autriche, à la fin de l’hiver.

La vie semble simple et bien réglée. La femme de l’écrivain s’occupe de son jardin d’hiver transformé en jungle. C’est un monde exubérant, sombre et envahissant àla fois. L’écrivain, lui, s’ouvre au monde par Internet, mais reste solitaire devant son écran. La semaine, ils partent tous les jours, chacun de leur côté, faire une grande marche, et le dimanche seulement se promènent ensemble.

Parti seul le long d’un fleuve gelé, l’éditeur rencontre un grand chien noir avec qui il partage son sandwich en signe d’amitié. Plus tard dans la semaine, les deux hommes plongés dans leurs pensées, sortent sur le même chemin. Le chien réapparaît et court vers eux en traversant la glace qui se rompt sous son poids, et le chien tombe à l’eau.

Les hommes se précipitent et l’écrivain rampe sur la glace au secours dela bête. C’est dangereux, la glace est fragile et l’écrivain comprend vite qu’il risque de sombrer avec le chien. Pourtant, il ne peut pas laisser la mort gagner encore, car cette fois il est présent.

Ce livre est étonnant. 93 pages qui distillent une atmosphère de solitude, de tristesse, de manque. Il continue à cheminer avec vous longtemps après l’avoir fermé.

Köhlmeier, Michael. – Idylle avec chien qui se noie. – J. Chambon. – Traduit de l’allemand. – 93 p. – 15 €

 

Paris, 1457 : Jacques Cœur meurt sans avoir parlé, malgré la torture, dela Tabled’émeraude, texte alchimique révélant la formule de la vie éternelle.

Nevers, 2010 : Maxime Langelot, expert en art, a rendez-vous avec un client qui ne vient pas. Et pour cause : il est mort d’une manière peu naturelle. Les soupçons pèsent aussitôt sur Maxime qui, voleur à ses moments perdus, a beaucoup de choses à cacher à la police !

Le suspense est haletant, soutenu par une écriture fluide et précise : on ne s’ennuie pas une seconde dans cette aventure terrifiante, emplie de personnages truculents et assez atypiques, mais sympathiques.

Un excellent moment à passer en bonne compagnie…

Montpelliérain d’adoption, Patrick Jérôme Lambert confirme qu’il a eu raison de quitter la finance pour la création littéraire. Après Le vengeur des catacombes, Morofisc, La table d’émeraude consolide le talent de cet auteur à suivre fidèlement…

Lambert, Patrick Jérôme. – La route d’émeraude. – First, Thriller. – 362 p. – 22 €

 

Vilhelm Thygesen, ancien inspecteur, découvre le cadavre d’une femme congelée dans son jardin. Stribolt et Vaage, de la police norvégienne, sont chargés de l’enquête –qui piétine rapidement, faute d’indices exploitables. En parallèle, le narrateur nous fait entrer dans le milieu sordide d’un gang de motards qui semble lié à l’affaire.

Tout l’intérêt de ce roman réside dans sa double construction. Lorsque les deux univers se croisent, tout se précipite et c’est avec plaisir que le lecteur suit la progression de l’enquête, tout en gardant un œil sur les coupables.

La femme congelée nous fait découvrir les milieux pas toujours reluisants de la police, de la mafia et des petits trafiquants, le tout avec une pointe d’humour et de suspense qui rend ce roman plutôt divertissant.

Michelet, Jon. – La femme congelée. – Presses universitaires de Caen. – Traduit du norvégien. – 264 p. – 18 €

 

Une dizaine de nouvelles, une dizaine de femmes (jeunes ou moins jeunes, mariées ou divorcées, heureuses ou malheureuses). Un point commun : chacune évoque sa relation amoureuse avec délice, envie, dégoût, c’est selon. Au rendez-vous, la tendresse, l’Amour avec un grand A, l’ironie,la jalousie. Chaquevoix devrait interpeler chacune (chacun également ?) d’entre nous.

Sélectionné pour le Prix Ozoir’elles en novembre 2011 (Ozoir-la-Ferrière)

Isabelle Minière est psychologue et hypnothérapeute. Elle écrit des romans et des nouvelles.

Un couple ordinaire, Le Dilettante, 2005 ; La première marche, Le Dilettante, 2007

Minière, Isabelle. – Mon amoureux et moi. – D’un noir si bleu. – 237 p. – 17 €

 

Une petite fille quitte l’orphelinat, et rejoint une famille de saltimbanques dont elle ne connaissait pas l’existence.

Dans un quartier mal famé à la périphérie d’une ville espagnole, elle grandit sous la protection dela grand-mère Doña Barbara, d’Amanda la tante soumise à un mari violent, de Chico le cousin et surtout d’Airelaila lilliputienne. Tous, pour des raisons diverses, attendent le retour de Maximo, fils préféré de Doña Barbara, amour éternel d’Arelai et père de la petite.

Sur cet univers glauque et foisonnant dont elle intègre les codes sans vraiment les comprendre, la fillette pose un regard naïf. Elle développe une imagination débordante, attisée par les récits féeriques et magiques d’Arelai.

Les grandes robes noires et satinées de Doña Barbara sont comme l’ombre de celles bien plus colorées d’Arelai. Les deux femmes accompagnent la fillette dans son apprentissage, et lui enseignent qu’il faut être libre pour grandir.

Rosa Montero nous emmène dans un monde à la frontière de la réalité et de l’onirique, de la douceur et de l’horreur « dans cette vie si belle et si sombre ».

Montero, Rosa. – Belle et sombre. – Métailié, bibliothèque hispanique. – Traduit de l’espagnol. – 189 p. – 18 €

 

Sept nouvelles qui ont pour cadre la Sérénissime, sept petits bijoux d’une écriture ciselée et d’une densité fluide qui leur donne épaisseur et importance. Elles s’égrainent du début du Moyen-âge à nos jours, en évoquant à chaque fois un artiste à un moment de bascule de sa vie.

Un joueur fait l’expérience de la fragilité de l’acquis, Verrocchio subit les caprices du pouvoir dans la réalisation de sa statue équestre du condottiere Colleoni, Lotto est dénigré et quitte Venise en paria. Ultimement, son talent est reconnu par une femme qui a été son modèle. Une jeune vierge orpheline se découvre une sensualité débridée après avoir avalé une tasse de chocolat ! La dernière nouvelle, qui se passe de nos jours, met en scène un photographe qui désespère de trouver la véritable âme de la ville.

On vit Venise de l’intérieur en évoquant Le Tintoret, Bellini, L’Arétin et tant d’autres. On vit une Venise de trafics, de secrets, d’argent et de disgrâces. Une Venise de grâce et de dégoûts.

C’est un bonheur de lecture, facile à lire, à la fois dense, fluide et cultivé.

C’est une toute nouvelle maison d’édition qui sera très exigeante sur ses choix ,et prévoit trois titres par an. Le directeur a travaillé chez Castor Astral et chez Zulma. Il est également écrivain.

Paravel, Dominique. – Nouvelles vénitiennes. – Serge Safran éd. – 185 p. – 16 €

 

Octavia Frost, romancière à succès, décide d’écrire une nouvelle fin à ses romans déjà publiés, ce sera « Le livre de Nulle part ». Elle apprend brutalement que son fils, Milo, chanteur vedette d’un groupe de rock, est accusé d’avoir assassiné sa petite amie.

Ce roman est un mélange de genres, car ce n’est pas vraiment un roman policier, mais une interrogation sur la création littéraire et artistique (dans les chansons de Milo), la part de soi que l’on y met et ce que l’on pourrait changer au vu de l’expérience.

Octavia et Milo ont vécu un drame qui transparaît dans leur œuvre : la petite sœur est tombée dans un torrent et le père s’est noyé en plongeant pour lui porter secours. Milo et sa mère ont survécu avec des relations difficiles.

Le nouveau drame qu’ils traversent et la quête de la vérité et de l’innocence de Milo est l’occasion de la mise à plat du passé.

C’est un roman très intéressant, bien écrit. Le thème policier n’est qu’un prétexte et, peut-être un peu léger dans le dénouement. Tout l’intérêt est dans le questionnement sur la part de soi dans la création artistique et la maîtrise de l’auteur.

Parkhurst, Carolyn. – L’album de Milo. – P. Rey. – Traduit de l’américain. – 380 p. – 21 €

 

1936 à Moscou : la terreur stalinienne est en marche. Dénonciations, torture, déportation et misère sont le lot du peuple qui vit dansla peur. Toutle monde est surveillé et risque sa vie.

Dans cette atmosphère délétère, l’inspecteur Korolev de la milice de Moscou doit résoudre un meurtre sanglant : le cadavre torturé et mutilé d’une jeune femme retrouvé sur l’autel d’une église. Pourquoi avoir choisi ce lieu ? Pourquoi un tel acharnement ?

Korolev ne comprend pas pourquoi on lui confie cette enquête, qui devrait revenir au NKVD.

Puis c’est au tour d’un voleur tatoué torturé d’être retrouvé dans un stade. Quel est le lien entre les deux victimes ? Korolev interroge les témoins et s’oriente vers la disparition d’une icône exceptionnelle, qui attire des convoitises, y compris des étrangers.

L’inspecteur Korolev est un homme intègre et honnête, qui n’hésite pas à payer de sa personne pour dénoncerla corruption. Iln’est pas toujours d’accord avec le pouvoir et n’accepte pas de se taire.

En nous plongeant dans cette époque, W. Ryan a voulu pour son premier roman dénoncer le climat politique et analyser la vie quotidienne de cette période peu souvent traitée. On attend le prochain épisode.

Ryan, William. – Le royaume des voleurs : une enquête de l’inspecteur Korolev. – Les Deux terres. – 363 p. – Traduit de l’anglais. – 22,50 €

 

Premier roman.

Un policier du ministère de l’Intérieur est envoyé au Crotoy pour enquêter discrètement sur une bande de terroristes menaçantla Franced’un chantage nucléaire. Cette enquête le conduit sur les traces d’un trésor qui serait dissimulé dans un souterrain du Moyen-âge découvert pendantla Seconde Guerremondiale.

Thelen, Jacques. – Le trésor de la baie de Somme. – Ravet-Anceau, Polar en Nord. – 229 p. – 10 €

 

Avec l’Histoire du XVIIe siècle, Nicole Voilhes (1935-….) renoue avec La Mouche et se lance à sa suite, afin de percer le mystère du célèbre prisonnier au Masque de Fer. Maintes hypothèses sur l’identité d’un homme qui alimente le débat ont permis aux imaginations les plus folles de se débrider, voire d’entrevoir des vérités que la Justice du Roi-Soleil souhaitait dissimuler.

En 1681, Philippe de Beaudry, lieutenant de police, part en mission dans les Alpes. Sa femme, Marie, la Mouche, le suit sans hésiter et veut enquêter avec lui. Le jeune couple est hébergé à Pignerol, dans le fort où Mr de Saint Mars cache un mystérieux prisonnier. Dès que Marie l’entrevoit, elle veut en savoir plus. Ignorant les périls et les tentatives d’assassinat, elle poursuit ses recherches avec l’aide de son mari. Mais le camp adverse a tout intérêt à ce qu’elle oublie « ce qu’elle ne devait jamais voir »… Sa famille ne parvient pas à la dissuader d’abandonner, et de se consacrer à ses enfants. Durant des années, elle reste obsédée par cette quête, mais fait semblant de s’en désintéresser.

Un roman d’aventures et d’amour, facile d’accès pour des ados. Les vrais amateurs d’histoire resteront sur leur faim. L’auteur ne nous réserve aucune révélation. Mais Marie est un personnage dynamique et attachant, une femme courageuse et déterminée, belle et amoureuse.

Citations d’époque en exergue de chaque chapitre et notes.

Voilhes, Nicole. – La mouche et le masque de fer. – In octavo. – 264 p. – 20 €

 

Le cas de Christine Lucas intrigue les médecins : suite à un traumatisme, accident ou peut-être agression, elle est restée plusieurs semaines dans le coma. Elle a 47 ans, mais s’étonne un matin de ce corps qui lui appartient et que pourtant elle ne reconnaît pas, de cet homme aimant et bienveillant qui vit à ses côtés, mais qui reste pour elle un parfait inconnu. Christine est amnésique, elle a non seulement perdu le fil de sa vie depuis son accident, à 27 ans, mais elle perd aussi sa mémoire immédiate, ses souvenirs d’hier ou de ce matin.

Elle rencontre un nouveau thérapeute, qui l’aide à démêler le fil de son existence. Sur son conseil, elle commence à rédiger un journal, aide précieuse pour tenter de reconstituer un passé disparu. Peu de personnages apparaissent dans ce roman qui en fait est le récit de Christine. Il y a le mari, le psychothérapeute, l’amie, ce fils qui apparaît, puis disparaît… Christine vit, écrit, s’interroge, cherche des réponses, doute de celles qui lui sont données. C’est un personnage très attachant, courageux, tenace, que nous découvrons dans sa quête dela vérité. Lesuspense grandit à chaque page, les rebondissements sont surprenants, et l’on ne peut lâcher ce roman, facile à lire, auquel on croit, jusqu’au bout, malgré une intrigue qui peut paraître invraisemblable. Une bonne lecture pour l’été.

Watson, S.J. – Avant d’aller dormir. – Sonatine. – Traduit de l’anglais. – 409 p. – 21 €

 

LIVRES NON RETENUS

AUTEUR TITRE EDITEUR
 

 

 
Ashby Porter, Joe Le futur proche J. Losfeld
Domange, Simone Si le bonheur n’est pas dans le pré Roger
Gilberh, Eric Comment devenir guerrier Massaï Arhsens
Godfrid, Elisabeth La limite, c’est le ciel d’un noir si bleu
Harkness, Déborah Le livre perdu des sortilèges Orbit
Hoffmann, Yoel A la recherche du troisième œil Galaade
Jan, Guillaume Le cartographe Intervalles
Leblanc, Catherine Si loin, si près Ed du petit pavé
Martinelli, Luca Sherlock Holmes et le mystère du Palio J. Losfeld
Roset, Michel Rue de la Crique Glyphe
Schwartzman, Adam Eddie Phébus
Vafi, Fariba Un secret de rue Zulma
Wilst, Philippe La confrérie de la Pléiade Alphalias

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  1. Bonjour

    Auteur du roman « Frères de sang », je découvre avec joie que je fais partie de la sélection été 2011. Merci pour cette critique.

    Petite j’ai adoré Les disparus de Saint-Agil… film que j’ai vu et revu.

    Je voudrais juste noter une erreur dans l’intitulé de mon site littéraire. Il s’agit en fait de http://www.bonnesnouvelles.net (et non .com).

    Me permettez-vous de mettre en lien vos pages dans ma rubrique LIENS ?

    Mille mercis pour la sélection.

    A bientôt.

    Nicole


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